La France est en burn-out.

Il est sûr que la France est à cran (m.slate.fr/story/108293/cette-france-qui-est-cran). Air France l’est, en tout état de cause. Dans le cas de cette ex-merveilleuse entreprise française, nombreux commentaires et articles sur ces cadres agressés (fusibles de luxe aussitôt remplacés par des hommes d’Etat ?) par ces salariés agresseurs (ces CGTistes-FO qui caricaturent notre France corporatiste ?) ont fait monter la pression.

Cet épisode est évidement emblématique. Encore une grande entreprise, une quasi institution, qui meure à petit (ou grand feu) sous la pression des concurrents low-cost mais aussi parce que son marché évolue beaucoup plus vite que sa capacité à progresser. Encore une entreprise dont les cadres dirigeants tentent d’appliquer des plans et des directives auxquels ils ne croient qu’à moitié, parce qu’au fond d’eux-mêmes, ils sentent leur humanité méprisée par le sauvetage d’organisations qu’ils ne légitiment plus, et contrecarrée par la préservation de leur propre vie (leur réflexe de survie). Encore une entreprise, dont l’organisation absurde (j’ai pu personnellement assisté chez Air France à des réunions de 15 personnes autour d’une simple présentation de prestation) crée, chaque jour, des comportements collectifs en complète opposition avec ce que chaque individu aimerait avoir la fierté de faire et de montrer.

Des leaders déboussolés, des populations robotisées. C’est la France d’aujourd’hui. Celle qui croit encore à une France à 2 étages , celle qui croit encore au jeu de La Tête et les Jambes, avec, en haut, de faux intellectuels gouvernants et, en bas, des exécutants manuels dont la mission est de sauver, contre leur gré, les premiers. Une France qui parade quand une autre court essoufflée. Un système politique et économique totalement fissuré qui impose sa loi désuète et dont la grande majorité ne veut plus.

Le burn-out survient quand toute l’énergie a été épuisée par l’excès des efforts exigés par soi et les autres et le stress chronique qui l’accompagne. D’une certaine manière, le sur-effort est inadapté à l’écologie de l’individu, au maintien de son équilibre. Le burn-out se cristallise aussi lorsque l’individu n’est plus en contrôle et qu’il prend conscience de sa perte de liberté.

Une grande partie des français travaille dur, très dur. Pour, en définitive, peu de récompenses : fiscalité abusive, mépris de la création d’entreprise, mépris de la réussite et de l’argent, mépris de la contribution individuelle, mépris de l’individualité, mépris du citoyen, mépris des anciens actifs (personnes âgées) et de leurs retraites, mépris des métiers de service,… Beaucoup de travail aussi pour toujours moins de liberté : trop de lois et de règlements administratifs, trop de répressions pour des broutilles, trop de procédures juridiques et judiciaires, trop de morale et de censure, trop de conservatisme, trop de débats de jugements, trop de cohues médiatiques, trop de conventions, trop de blabla…

Quand nous parlons de la France qui travaille, il nous vient à l’esprit, par opposition, les sujets des 35h et des RTT, des chômeurs, des aides sociales, des immigrants, des subventions, etc. On oppose souvent à la France qui travaille, la France qui profite. Mais, par extension et paradoxalement, c’est également la France du bore-out. Dépressive elle aussi. Celle qui s’ennuie parce qu’elle n’a plus de rêve, ni de fierté, ni de sens à créer et à produire. La France qui s’ennuie c’est celle qui a déjà mis un pied à terre par manque d’opportunités et de motivation pour travailler dur, celle qu’on a aidée plus que récompensée ou celle qu’on a méprisée et ligotée.

Travailleuse ou inactive, la France déprime. Le burn-out est proche. La chute sera violente.

Le burn-out exige une étape de crise où tout s’effondre, une décompensation, pour laisser le grand vide nécessaire à la récupération, au changement. Le burn-out emmène souvent l’individu vers une prise de conscience de son inadéquation au rôle et à l’environnement qui l’ont précipité à l’effondrement. Dans la plupart des cas, il change de vie.

D’une certaine façon, c’est une forme agressive de réveil qui fait sortir d’un cauchemar mortel.

Nous avons connu la Révolution et Mai 68. Le 3ème épisode n’est pas loin.

Et nous nous relèverons, car le monde autour de nous change aussi, et dans le bon sens (disrupt-us/there-is-something-extraordinary-happening-).

Nous devons nous adapter ou disparaître. C’est la loi de l’évolution.

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